• " Au fond du couloir " de Christian Présent aux Editions du Panthéon

    "

     

    Je suis cette île de Gorée

    J’enfante encore les cris de mes frères 

    Je suis cette cale faite de chair et de sang 

    La mort poignarde et fige le regard 

    Nous sommes entre frères et entre les morts 

    Et l’océan sépulture est complice de mon maître 

    D’ailleurs je l’ai voulu comme ami 

    Vivant ou mort estropié ou borgne 

     -------------------- 


    Je cours l’esprit libre, mais la douleur m’enivre,

    Je cours le corps morcelé, contre les aboiements, ces fouets non muselés ;

    Je cours contre le flair de la bête sauvage et le sang de mes entailles  

    Je cours vers le pain de l’homme libre, prospère chimère trébuchante.

     ------------------------ 

    Ma liberté pourrit mes chaînes 

    Mes poignets respirent la rouille de mes fers 

    Je suis libre de mourir à voix haute, 

    Sans chiens, sans course-poursuite, 

    Je suis libre de vivre sans dépassement de soi 

    Je garderai mon corps sans morsures, sans ablations 

    Je garderai mon cœur à l’abri de l’évasion 

    Je ne fuirai pas, je me battrai pour rester en vie 

    J’aime mon maître, je mange comme une bête 

    Sur le sol je n’ai même plus froid, j’ai un toit 

    À la nuit tombée certains retourneront au champ 

    Ils iront sans moi, sans mon sang à la lumière du tambour 

    La fatigue et l’aurore me gagnent, 

    ------------------

    L’échafaud, 

    Le condamne, 

    La marche funeste, 

    Le bourreau, 

    Sentence, 

    Coupable, 

    La lame, la corde 

    Mon corps 

    Le silence 

    La mort et le mort 

    Ma femme mes amours 

    Mes amis, vous ne m’épiez plus 

    Dieu est à ma merci 

     

    " Au fond du couloir " de Christian Présent aux Editions du Panthéon

       

     

     

     

    « Aimé Césaire au CNAM le 23 05 2013"J'ai apporté une parole d'homme" Aimé Césaire par Jean-René Bourrel aux Editions Sépia »

  • Commentaires

    1
    Christian Dutasta
    Dimanche 12 Mai 2013 à 19:40

    J'ai marché plusieurs fois sur le sable de l'Ile de Gorée, envahie par l'émotion, mon âme d'homme était embuée.

    L'écriture de cette Ile foulée par l'enfer, à ce jour écriture mémoire pour ne pas oublier ; la richesse des ecrivains de la Négritude

    merci Aimé, merci Léopold et bien  d'autres.

    La main et la plume travailleront sans fin pour la dignité de l'homme.

    Christian Dutasta

     

     

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